Nous sommes heureux·ses de vous informer de la réouverture temporaire avant travaux de la Maison Dussac, à Piton Saint-Leu.
L’exposition en cours est ouverte du jeudi au dimanche. Vien a zot !

la programmation

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MUTUAL CORE
Exposition

hors les murs

Lieu

Artothèque

Du samedi 27 novembre 2021 au dimanche 15 mai 2022

Horaires

Mardi au dimanche
9h30 - 17h30

Vernissage

vendredi 26 novembre 2021

Documents à télécharger

LIVRET PÉDAGOGIQUE MUTUAL CORE (1.3MO)

Alice Aucuit – Yassine Ben Abdallah – Jack Beng-Thi – Catherine Boyer — Emma Di Orio – Florans Féliks – Thierry Fontaine – Esther Hoareau – Kako & Stéphane Kenkle – Kid Kréol & Boogie – Sanjeeyann Paléatchy – Georgie Ganné – Migline Paroumanou – Tatiana Patchama – Clotilde Provansal – Chloé Robert

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I shuffle around 
The tectonic plates in my chest 
You know I gave it all 
Trying to match our continents 
To change seasonal shift 
To form a mutual core

Björk – Mutual Core (2011)

L’exposition Mutual Core s’inscrit dans une recherche inscrite dans les mouvements des pensées écologiques, décoloniales et écoféministes qui nous invitent à observer, comprendre et apprendre à partir des interdépendances et des mouvements inhérents au vivant. Ce dernier est compris et vécu comme un tissu commun où chaque élément communique et agit non pas sur, mais avec les autres. Les organismes vivants et non vivants ne cohabitent pas, ils coévoluent et coexistent pour former une communauté symbiotique à l’intérieur de laquelle chacun.e joue un rôle.

Mutual Core propose un déploiement, celui d’une pensée collective située. Une pensée issue d’un territoire singulier : La Réunion. Celui d’une île, un caillou qui trône dans l’océan Indien. Pour en comprendre la densité, il est nécessaire d’embrasser un ensemble de réalités géographiques, topographiques, historiques, linguistiques, géologiques, culinaires, biologiques, spirituelles ou encore botaniques. « Toute l’histoire de la société réunionnaise est une histoire d’interdépendance, du sentiment qu’il faut partager, malgré les tensions, les inégalités, les différences, cette petite terre et y vivre ensemble. Il a fallu, toujours, compter avec la nature, un volcan actif, des cyclones, la puissance des éléments, les vents, le déferlement des eaux dans les ravines et un océan, qui tous ramènent l’être humain à sa mesure. Pourtant, les hommes ne cessent de vouloir discipliner la nature. »[1] Mutual Core invite à une exploration d’une communauté symbiotique située mise en œuvre par des artistes réunionnais.es. Leurs œuvres ne se résument pas à une esthétisation de la flore et de la faune, ni même à des observations/restitutions de paysages. Les artistes réuni.es pour l’exposition ne s’envisagent pas isolé.es de la nature. Loin d’une pensée naturaliste, ielles ne sont pas extérieur.es et/ou supérieur.es au territoire qu’ielles habitent. Les artistes existent avec la conscience d’appartenir à un tout, passé et présent, visible et invisible. Ielles forment un « noyau mutuel » - un corps commun qui se fabrique et se transforme dans le temps et dans les entrelacements : de pensées, de mémoires, de territoires et d’engagements. Il donc ici question d’écosystèmes, d’écologies plurielles ou encore d’alliances pluripsécistes. D’un vivant pluriel et complexe. Alors, les artistes pensent à partir du dedans, en parentés avec les sols, l’océan, le ciel, la forêt, le volcan, les ravines, la pluie, les oiseaux, les cirques, les reptiles, les champignons, les fleurs, le vent, les insectes, les pierres, les mousses, les rivières, les cyclones, les coraux, les chiens, le sable, les humain.es.

Les œuvres invitent à une rencontre avec différentes manières de manifester nos relations au vivant. Pour cela, les artistes se réfèrent autant aux propriétés physiques qu’aux réalités politiques, spirituelles et mythologiques de l’île. Chloé Robert déploie sur le papier et sur les murs une faune et une flore spéculatives. Emma Di Orio et Alice Aucuit restituent des savoirs confisqués : ceux des femmes et ceux des plantes médicinales. À partir d’huiles essentielles de plantes autochtones, Georgie Ganné compose les fragrances de lieux qui sont rendus présents par leurs odeurs. À la manière d’une chirurgienne ou d’une biologiste, Clotilde Provansal ausculte l’envers des mousses et des troncs des arbres pour cheminer à l’intérieur du vivant. Inspirés par les écrits de Jules Hermann, Kid Kréol & Boogie convoquent une cosmogonie ancestrale et fondatrice. Kako & Stéphane Kenkle activent un travail de la terre pour une agriculture de subsistance, une polyculture paysanne à la fois pour vivre en communion avec les sols et pour vivre de manière autonome. Par la pratique du jardinage, Tatiana Patchama fait dialoguer son atelier et son jardin pour annuler l’idée même d’une barrière entre l’intérieur et l’extérieur. Au fil des saisons, Sanjeeyann Paléatchy cueille des pousses et des floraisons pour sculpter des êtres totémiques. Dans un même élan, nous retrouvons une pensée animiste dans les œuvres d’Esther Hoareau et de Jack Beng-Thi. Les sculptures de Migline Paroumanou convoquent la part invisible du vivant. « Nous pourrions y voir des ondes, des ancêtres, des divinités, des énergies, des vibrations. Voyons autrement ce que l’on ne voit pas. » Les mains plongées dans la boue, la tête recouverte de terre, le corps immergé dans l’océan, les photographies de Thierry Fontaine manifestent non seulement l’attachement physique à un territoire, mais aussi les liens puissants qui existent entre les corps vivants. Florans Féliks donne des formes, des matériaux et des mots à une pensée de l’enravinement. Elle agit dans la ravine, « elle est le lieu sacré et ombragé de la source, de l’eau, des zamérant (« âmes errantes »), des courses de marronnage, qui remontent la ravine vers la liberté. »[2] Yassine Ben Abdallah, s’est attaché à penser à partir des objets nécessaires au pique-nique traditionnel pratiqué le dimanche par les familles créoles réunionnaises depuis les années 1960. Les artistes activent leurs sens et les nôtres : voir, toucher, écouter, goûter, sentir. Ielles marchent pour faire corps, malaxent la terre et plongent leurs mains dans la boue, récoltent pour sculpter, plantent pour comprendre, cultivent pour résister, ferment les yeux, enlacent les troncs des arbres, respirent, embrassent pour entrer en communion, diffusent les parfums, rendent visible l’invisible, établissent des connexions. Il s’agit alors pour elles et pour eux d’être affecté.es (du moins de s’autoriser à l’être) et d’affecter les autres.

Parce qu’ielles vivent dans l’épaisseur du temps et de l’espace, les artistes manifestent une présence consciente dans la matière du monde (Emanuele Coccia) et plus particulièrement dans la matière de l’île. Ielles agissent dans leur lieu pour en prendre soin, en vue d’une guérison, pour en manifester les métamorphoses, les disparitions, la pluralité, la dimension spirituelle, cosmique, poétique et politique. Leurs œuvres engagent à une décolonisation de nos relations avec le vivant et plus particulièrement avec le concept de Nature, lorsqu’il est encore opposé à celui de Culture. Les artistes participent à la déconstruction d’un système hégémonique (économique, géographique, sexuel, genré, racial). Ielles s’inscrivent dans une pensée du défaire : de l’universalisme, de la recherche de la richesse, de la propriété, de l’individualisme, du patriarcat, de la haine, de la violence, de la destruction, de l’exploitation, du profit, de la croissance, du pouvoir, de la domination. Au champ lexical des dominant.es, ielles vont préférer adopter d’autres notions et positionnements tels que l’incertitude, la Relation, la fragilité, le ralentissement, la solidarité, la sororité, la parenté, le soin, l’empathie, l’invisibilité, l’hospitalité, le doute, le sensible, l’alliance, l’humilité, l’échange, la discussion, la vanité, la résistance et la résilience. Sans ne jamais oublier qu’ielles ne sont que de passages et qu’ielles prennent part à la métamorphose constante du vivant, les artistes fabriquent une poésie politique, une gestuelle sensible, une vulnérabilité consciente visant à prendre soin d’un corps mutuel ancien, présent et futur.

Julie Crenn

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[1] COLLECTIF. « À quoi bon la culture en un temps de détresse ? » in MCUR : La Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise. Paris : Somogy, 2009, p.86-87.

[2] Citation de Florans Feliks issue d’un document de travail qui présente le projet artistique Sézi-terre.

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Lékspozision Mutual Core i rant dann ron in reshèrsh i suiv mouvman bann pansé lékolozi, dékolonial épi ékoféminist i invit anou agard, konprann, aprann dapré bann rolasion i dépann l’inn a lot avék bann mouvman i fé parti lo vivan. Fo konprann é viv sa, kom in tisu an partaz ousa sak bout i koz é i zoué non pa dési, mé ansanm lé zot. Sat i viv avèk sat i viv pa lé pa shakinn son koté, i avans ansanm i viv ansanm pou fé in kominoté sinbiotik, anndan la shakinn i zoué in rol.

Mutual Core i propoz rouv la zél, sat in pansé koléktif in landroi. In pansé i sort in téritoir partikilié : La Réunion. In lil, in kayou i trone dann loséan Indien. Pou konprann son korporans, i fo pran an kont in kantité linformasion, bann réalité la zéografi, la topografi, listoir, la lang, la zéolozi, la kuizine, la biolozi, la spiritualité, obien ankor la botanik. « Tout listoir la sosiété rénioné lé in listoir lintérdépandans, lo santiman i fo partaz, malgré bann tansion, bann zinégalité, bann diférans, so ti bout la tèr la épila viv ansanm térla. Té fo, toultan, fé ansanm la natir, in volkan i pèt, siklone, la puisans bann zéléman, lo van, lo saboulé dolo dann ravine épi in loséan, tout i ramène lo moun son plas. Soman, domoun zamé i arèt an vouloir drès la natir. »[1] Mutual Core i invit éksplor in kominoté sinbiotik bann zartist La Réunion la tras kontour, la fabriké. Sak zot la fé lé pa rienk rand lo zoli bann plant avèk zanimo, pa minm obsèrv obien dir/amont péizaz. Bann zartist dann ron lamontraz-la i mazine pa zot séparé sanm la natir. Loin la pansé natiralist, zot la pa an déor obiensa sipérièr lo téritoir ousa zot i rét. Bann zartis i égzist ansanm la konsians zot i apartien in total, lo pasé sanm lo prézan, lo vizib sanm linvizib. Banna i rouv in « ron tout ansanm », in kor komin i fagot son kor, i transform dan lo tan é dan lo dépandans rant inn-é-lot tout bann pansé, bann mémoir, bann téritoir, bann langazman. Térla donk i koz bann lékosistèm, bann lékolozi plizièr kalité, bann lalians plizièr-léspés. La vi lé plurièl, lé konplèks. Bann zartist i mazine dopi lo dodan, an famiy ansanm la tèr, loséan, lo sièl, la foré, volkan, la plui, zoizo, sirk, réptil, shanpignon, flèr, lo van, zinsékt, ravine, galé, la mous, rivièr, siklone, koray, lo shien, la sab, bann moun.

Lo bann leuv i invit fé la rankont ansanm diféran manièr fé konèt nout rolasion ansanm sat i viv. Pou fé sa, bann zartist i apui otan dési bann propriété fizik ke dési bann réalité la spiritualité obien la mitolozi lil. Chloé Robert i fé kour dési papié é si bann mir in karo zanimo avèk plant invanté, Emma Di Orio avèk Alice Aucuit i rann bann konésans la séré : sad bann fanm ansanm sad bann sinp. Ansanm luil ésansièl bann plant péi, Georgie Ganné i konpoz lo sanbon bann landroi, zot lodèr i fé mazine banna. Koman shirurziène obien biolozist, Clotilde Provansal i gard dann lanvèr la mous, dann lo tron piédboi pou avans par anndan santié lo vivan. Pri dann mazinasion bann modékri Jules Hermann, Kid Kréol & Boogie i kri in kosmogoni zansèt promié débi. Kako & Kenkle i fé lèv in travay la tèr dann in lagrikiltir pou viv, in plantaz plizièr kiltir a la foi pou viv an kominion ansanm la tèr é pou viv an lotonomi. Lèr li okip la kour, Tatiana Patchama i fé koz son latelié ansanm son jardin, pou kaskol lidé minm inn barièr rant lo dodan é lo déor. Sanjeeyann Paléatchy i kas flèr apré pous pou skulpt bann totèm i viv. Dann minm lélan, i artrouv in pansé animist dan bann leuv Esther Hoareau ansanm Jack Beng-Thi. Bann skulptur Migline Paroumanou i kri linvizib lo vivan. « I gingnré oir anndan bann zond, bann zansèt, bann bondié, bann lénérzi, bann vibrasion. Gèt in ot manièr sak ni oir pa. » Dé min gomé la bou, la tèt kouvèr la tèr, lo kor plonzé dann loséan, fotografi Thierry Fontaine i mèt dovan bann lien puisan i égzist rant bann kor vivan. Florans Feliks i done bann forme, bann matério avék bann mo pou in pansé lanravineman. Li travay dann milié la ravine : « sa landroi sakré dann lonbraz pou la sours, pou dolo, pou zamérant, bann shapé maronaz, i armont la ravine pou alé koté la libérté.»[2] Yassine Ben Abdallah i tash manièr rouv son mazinasion a partir bann zobjé la bézoin pou pik-nik tradisionèl bann famiy kréol La Réunion i fé dopi bann zané 1960. Bann zartist i fé lèv zot sans épi sat la not : oir, toushé, ékouté, gouté, santi. Zot i marsh pou fé kor ansanm, i pétri la tèr é i plonz zot min dan la bou, i kas pou skiplté, i plant pou konprann, i plant pou rézisté, i férm lo zié, i fé gaté piédboi, i rèspir, i ansèr dann bra pou rant an kominion, i fé santi sanbon, i rann vizib linvizib, i konèkt. Sa in manièr pou zot toush zot kèr é tous lo kèr lézot (o moin gingn lo droi éséyé).

Akoz tout la bann i viv dann korporans lo tan é léspas, bann zartist i amont inn prézans an konsians dann la matièr lo mond (Emanuele Coccia) èspésialeman dann la matièr lil. Zot i bouz dan zot landroi pou prann soin landroi, i mazine in gérizon, pou di lo bann métamorfoz, lo bann disparision, lo plizièr koté, lo dimansion léspri, lo kosmos, lo poétik èk lo politik. Zot bann leuv i rouv baro inn dékolonizasion nout bann rolasion ansanm lo vivan an partikilié avèk lo konsèpt la Natir lèr i opoz ali ankor avèk sad la Kiltir. Bann zartist i mèt la min pou kas an bout in sistèm na pouvoir si tout (lékonomi, la zéografi, lo séks, lo zanr, la ras). Zot i marsh dann somin in pansé lo dégrénaz : lo luniversalism, lo lanvi la rishès, la propriété, lo shakinn son shakinn, lo papa, la ène, la violans, la déstriksion, lèsploitasion, lo profi, la kroisans, lo pouvoir, la dominasion. Dann karo lo mo sat i domine : zot i profèr pran dot nosion é trouv inn ot landroi kom lo nou-lé-pa-sir, la Rolasion, lo frazil, lo artourn-pli-dousman, la solidarité, lantouraz bann sèr, lo santiman minm famiy, lo soin, lo fé-in-kont, linvizib, lospitalité, lo dout, lo santi, lalians, lo sinplisité, léshanz, lo koz-ansanm, lo sèrv-pa-rien, la rézistans épi lo rézilians. San zamé oubli zot lé solman de pasaz é ke zot i pran par lo métamorfoz lo vivan i arèt pa zamé, bann zartist i fabrik in poézi politik, in jèst kapab santi, ansanm in konsians sansitiv i vé pran soin in lansien kor an komin, lé la é sar la.

Julie Crenn

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[1] COLLECTIF. « À quoi bon la culture en un temps de détresse ? » in MCUR : La Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise. Paris : Somogy, 2009, p.86-87.

[2] Kozman Florans Feliks i sort dann in dokiman travay ousa i prézant lo prozé artistik Sézi-terre.

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The exhibition Mutual Core is part of research in the ecological, decolonial and ecofeminist movements that invites us to observe, understand and learn from the interdependencies and movements inherent to living things. The latter are understood and experienced as a shared fabric where each element communicates and acts not on, but with others. Living and non-living organisms do not cohabit, they co-evolve and coexist to form a symbiotic community within which each one plays a role.

Mutual Core offers an implementation, that of a situated collective thinking. A thinking that is the product of a unique territory, an island, a pebble in the Indian Ocean. To understand its density, it is necessary to embrace a set of data: geographical, topographical, historical, linguistic, geological, culinary, biological, spiritual and botanical realities. “The entire history of Reunion society is a history of interdependence, the feeling that we must share this small island and live together, despite the tensions, inequalities, and differences. We have always had to reckon with nature - an active volcano, cyclones, the power of the elements, winds, the surging of the waters in the ravines and the ocean - which all bring human beings back to their scale. And yet, men have never stopped wanting to discipline nature”[1]. Mutual Core invites us to explore a situated symbiotic community, implemented by artists from Reunion. Their works cannot be reduced to an aestheticisation of flora and fauna, nor to observations or descriptions of landscapes. The artists exhibited here do not see themselves as separate from nature. Far from naturalist thinking, they are not external or superior to the territories they inhabit. The artists exist with the consciousness of being part of a whole, past and present, visible and invisible. They form a “mutual core” - a common body that is made and transformed by time and by the intertwining of thoughts, memories, territories, and commitments. Here we are talking about ecosystems, plural ecologies, and multispecies alliances. About a plural and complex ensemble of living things. The artists think from within, in kinship with the earth, the ocean, the sky, the forest, the volcano, the rain, the birds, the craters, the reptiles, the mushrooms, the flowers, the wind, the insects, the ravines, the stones, the moss, the rivers, the cyclones, the corals, the dogs, the sand, the humans.

The works enable an encounter with different ways of manifesting our relationships to living things. For this, the artists refer as much to the island’s physical properties as to its political, spiritual and mythological realities. Chloé Robert deploys a speculative fauna and flora on paper and on the walls. Emma Di Orio and Alice Aucuit restore confiscated knowledge: that of women and that of medicinal plants. Using essential oils from native plants, Georgie Ganné composes the fragrances of places that are made present by their smells. Like a surgeon or a biologist, Clotilde Provansal looks behind the mosses and trunks of the trees to venture inside living things. Inspired by the writings of Jules Hermann, Kid Kreol & Boogie summon an ancestral and founding cosmogony. Kako & Kenkle work on the land for a subsistence agriculture, a peasant polyculture to both live in communion with the soils and to live autonomously. Through the practice of gardening, Tatiana Patchama creates a dialogue between her studio and garden to cancel the very idea of a barrier between the inside and the outside. Over the seasons, Sanjeeyann Paléatchy picks shoots and blooms to sculpt totemic beings. In the same vein, we find an animist philosophy in the works of Esther Hoareau and Jack Beng-Thi. The sculptures of Migline Paroumanou summon the invisible part of living things. “We might see waves, ancestors, divinities, energies, vibrations. Let’s see what we do not see differently.” His hands plunged in the mud, his head covered with earth, his body immersed in the ocean, Thierry Fontaine’s photographs show not only the physical attachment to a territory, but also the powerful links that exist between living bodies. Feliks Florans gives shapes, materials, and words to the concept of “the ravined”: “it is the sacred, shaded space of the source, of water, of the zamérant (wandering souls), of the Maroons, who went up the ravine towards freedom”[2]. Yassine Ben Abdallah devoted himself to thinking based on the objects necessary for the traditional picnic practiced on Sundays by Reunion Creole families since the 1960s. The artists activate their senses, and our own: seeing, touching, listening, tasting, smelling. They march to become one, knead the earth and stick their hands in the mud, harvest to sculpt, plant to understand, cultivate to resist, close their eyes, hug the tree trunks, breathe, embrace to commune, diffuse perfumes, make the invisible visible, establish connections. For them, it is a question of being affected (or allowing oneself to be), and of affecting others.

 

Because they live in the density of time and space, the artists manifest a conscious presence in the matter of the world (Emanuele Coccia), and specifically in the matter of the island. They act in their spaces to take care of them, with a view to healing, to manifesting the metamorphoses, disappearances, pluralities, the spiritual, cosmic, poetic and political dimensions. The works in the exhibition invite us to decolonise our relationships to living things, and particularly to the concept of Nature as opposed to Culture. The artists practice deconstructive thinking: the deconstruction of universalism, of the search for wealth, property, individualism, the patriarchy, hatred, violence, destruction, exploitation, profit, growth, power, domination. Rather than using the dominant lexical field, they prefer to adopt other concepts and positions such as uncertainty, relationships, fragility, slowing down, solidarity, sorority, kinship, care, empathy, invisibility, hospitality, doubt, sensitivity, alliance, humility, exchange, discussion, vanity, resistance, and resilience. Without ever forgetting that they are only passing through, and that they are part of the constant metamorphosis of living things, the artists create a political poetry, a sensitive body language, a conscious vulnerability that aims to take care of a mutual, ancient body, present and future.

 

Julie Crenn

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[1] COLLECTIF. « À quoi bon la culture en un temps de détresse ? » in MCUR : La Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise. Paris : Somogy, 2009, p.86-87.

[2] Quote by Florans Feliks from a working document that presents the artistic project Sézi-terre.

TRADUCTIONS

du français vers le créole : Francky lauret
du français vers l'anglais : Juliet Powys

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