Nous sommes heureux·ses de vous informer de la réouverture temporaire avant travaux de la Maison Dussac, à Piton Saint-Leu.
L’exposition en cours est ouverte du jeudi au dimanche. Vien a zot !

la programmation

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PROTOCOLES SENSITIFS
Exposition

hors les murs

Lieu

Longère Sudel Fuma // Place du général de Gaulle, Saint-Paul

02 octobre 2021 au 30 janvier 2022

Horaires

mardi au samedi de 10h à 18h

Vernissage

vendredi 1er octobre

Stéphane Cise, Juliette Dennemont, Mathilde Lauret, Jayce Salez

Il y a dans la notion de protocole la volonté d’une d’observation méthodique s’appuyant sur un ensemble de règles qui permettent de vérifier une hypothèse. Sensitif, pour sa part, est un adjectif qui qualifie cet état fragile et réceptif grâce auquel on identifie des impressions, des perceptions.

Protocoles sensitifs est inspiré du comportement de la sensitive, Mimosa pudica, une plante que l’on qualifie de « timide » puisqu’elle se replie au moindre contact. Cette réaction, expliquée par la science, reste une expérience magique. Lorsqu’on touche une sensitive, elle réagit. Cette interaction avec une forme de vie autre qu’animale provoque sur l’instant l’impression d’une rencontre inattendue.

Quatre artistes, Juliette Dennnemont, Stéphane Cise, Mathilde Lauret, Jayce Salez, se sont interrogé·es sur ces rencontres inattendues, sur ces interdépendances, ces comportements, ces modes de communication, ces échos. Qu’ils soient plante, galet, coucher de soleil, air, vibration, silence, eau, les éléments font partie du monde et chaque déplacement humain influe sur leur existence, et réciproquement. C’est ce que les artistes cherchent à dévoiler.

Dans ce laboratoire artistique, les quatre créateur·trices — qui emploient les technologies du XXIe siècle — abordent les questions de la relation aux vivants, de la perception du silence, de la musicalité des corps ou encore de la cartographie de l’infiniment loin. Les quatre œuvres invitent à être partie prenante des actions qu’elles engagent. Dans ce labo, le numérique souvent perçu comme froid et neutre, devient la porte d’accès à des mondes invisibles, des points de contact avec d’autres univers, des immersions dans la poésie et l’imaginaire.

Protocoles sensitifs, c’est un peu l’atelier des artistes où se déploie le processus de création, où l’on présente les protocoles des œuvres vérifiant que les artistes sont aussi des chercheur·ses. Leurs méthodes sont différentes, mais l’un·e comme l’autre explorent les mondes possibles.

Quand la science observe et déduit, l’artiste perçoit et transpose.

Brandon Gercara et Tatiana Patchama

Chef·fes d’orchestre

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Stéphane CISE

Natif de l'île de la Réunion, cet artiste aux facettes multiples se consacre à la musique — après l'obtention de son master 2 (DNSEP) à l'école supérieure d'art de La Réunion en 2016 — au sein du projet Do Moon.

C'est en décembre 2020, lors du Tropical Drawing que Stéphane décide de remettre le pied à l'étrier. Son travail plastique suit une arborescence inspirée par la dynamique du rhizome. Ce tubercule l'inspire d'ailleurs beaucoup, tout comme la notion de rêverie et de flânerie. C'est ainsi qu'il reprend ses ballades graphiques, tantôt sous la forme de dessins, tantôt sous la forme d'œuvres multimédia interactives. Fier de son ancrage local, il n'est pas rare que Stéphane cite les travaux de Kid Kréol & Boogie ou ceux de Jean-Claude Jolet entre autre, sans pour autant mettre de côté ceux qui l'ont inspiré, à l'instar de Philippe Favier, Henri Michaux ou Serge Paillard.
Les productions de cet artiste touchent à tout, ne cessent donc de se décliner sous plusieurs formes, au gré de réflexions philosophiques et de constats empiriques.


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Topographie de l’instant T, 2016
œuvre interactive, visuelle et sonore, dimensions variables

L'idée de cette topographie fantaisiste est de créer une interaction entre le public, l'espace et l’œuvre. Les lignes projetées au mur prennent vie grâce au relief sonore (silence/bruit) mais aussi en fonction des spectateurs, des objets présents dans la salle. Cette topographie est celle d'un instant T qui se transforme au gré des mouvements et du bruit, chacun devient alors un participant de l’expérience que propose le laboratoire, de manière plus ou moins évidente.
Le rhizome se définit par une dynamique dénuée de hiérarchie, il en est de même pour cette œuvre pour laquelle chacun est artiste. Chaque mouvement, chaque bruit, créent une forme différente, chacun est auteur.

Jayce SALEZ

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Jayce Salez est né et a grandi dans la ville du Port. Il évolue aujourd'hui dans le domaine de la communication visuelle tout en gardant un ancrage dans les arts plastiques. Il s’efforce, dans la pratique de ces deux disciplines, de créer des ponts entre elles mais aussi avec d’autres domaines tels que l’astronomie, l’architecture ou la cartographie. Ces connexions peuvent se retrouver dans la forme et l’esthétique de ses productions, ainsi que dans la méthodologie employée pour les concevoir. Son travail repose donc principalement sur la collecte de données puis dans leur interprétation à travers le prisme de sa sensibilité artistique, mais toujours dans le cadre de l’application rigoureuse de protocoles.

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Boussole et Constellations Temporelles, 2015
Installation numérique interactive, projection de taille variable

Cet outil nous propose de faire correspondre à une forme géométrique une expérience, un évènement. Un ordinateur et une imprimante installés au sol permettent de saisir une date et une heure, puis d'imprimer la « constellation temporelle » générée.

La « Boussole temporelle » reporte sur une série de cadrans concentriques le temps qui compose une année complète. Chaque point représente une unité temporelle et fait un tour complet de son orbite au cours du cycle qui lui est attribué : une seconde, une minute, une heure, un jour, un mois, une année.
Chaque instant de l’année possède sa propre configuration de points qui permet alors de tracer ce que l’artiste appelle une constellation temporelle.

Juliette DENNEMONT

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Juliette Dennemont est originaire de l’île de La Réunion, où elle vit jusqu’à l’âge de 18 ans. Après deux années préparatoires, elle intègre les Beaux-Arts de Paris (Atelier Boisrond) où elle obtient son DNSEP en 2020. Durant son cursus, elle apprend l’aérographie auprès d’un peintre-décorateur forain. En 2018, elle travaille à la rénovation de l’attraction de son père, forain lui-même. C’est un véritable tournant dans sa pratique artistique qui lui donne le sentiment que l’aérographie se situe presque parfaitement entre le dessin et la peinture. Au-delà de la technique, cela déclenche chez elle un questionnement sur la place de l’art forain dans le monde et dans l’histoire de l’art.
Elle a participé à l’exposition collective « Vous avez dit créole ? » à la Cité de Arts de juin à août 2021, l’occasion de présenter son travail pour la première fois à la Réunion.


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« Sans-titre », 2021
Installation sculpture interactive et dessins

L’artiste s’inspire d’une machine de fête foraine, elle-même inspirée d’une sculpture italienne, « la Bocca della Verita » (la bouche de la vérité). C’est un disque datant du 1er siècle après J.-C. sur lequel est sculpté un visage, aux fonctions incertaines (probablement utilisée en tant que bouche d’égout), et rendu célèbre par une légende selon laquelle La Bouche de la vérité trancherait la main des menteurs. Bien plus tard, dans les années 1980, des Italiens ont inventé une machine reprenant la forme de La Bocca della Verita, qui contre une pièce donnait un horoscope ou une prédiction. On retrouvait cette machine sur les champs de foire ou dans des parcs d’attraction.

« Je me souviens en avoir vu une quand j’étais petite dans un supermarché, près des caisses. J’étais fascinée par celle-ci, et même si je savais que je n’allais pas perdre ma main, j’avais toujours une certaine appréhension avant de la glisser dans cette grosse bouche sombre. Ce n’est que récemment que j’ai appris l’histoire de cette sculpture, en m’intéressant à l’art forain. Dans cette œuvre, je reprends la forme de la Bocca della Verita, en me l’appropriant et en la traitant avec des matériaux composites. Ce qui me plait dans cette sculpture, c’est la curiosité mêlée d’appréhension qu’elle procure au spectateur, et que j’aimerais à mon tour leur faire ressentir.
Dans sa bouche, si le spectateur ose y glisser sa main, il pourra y récupérer une petite carte sur laquelle sera inscrit un symbole, ou un petit dessin mystérieux, récompensant sa curiosité et peut-être éveillant son imagination quant à la signification du motif.»

Mathilde LAURET

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Mathilde Lauret est une artiste plasticienne qui vit et travaille à La Réunion.
Elle obtient son DNSEP en 2020 à l’Ecole Supérieure d’Art de La Réunion. Outre sa fascination pour la nature, elle questionne dans sa recherche l’accessibilité de la culture et des études supérieures pour les personnes porteuses d’un handicap. Née sourde profonde au sein d’une famille entendante réunionnaise créole, elle hérite de la diversité et du métissage réunionnais.
Paradoxalement, son médium principal est le son, en tant qu’expérimentation corporelle et visuelle. Elle fut intriguée par les performances de l’artiste Christine Sun Kim et la citation du compositeur John Cage, « Le silence absolu n’existe pas ». Elle a développé une posture particulière face au son, une écoute active qui passe par le toucher et la vue. Elle s’intéresse aux transcriptions sonores visuelles du « silence ». C’est un enjeu artistique et même un véritable défi de suggérer que le silence est un son tout a fait audible mais qu’il ne passe pas par nos oreilles.

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En mémoire des silences, 2018-2021
Installation, Prothèses auditives inversées, dimensions variables

« L’œuvre est composée de dispositifs vibrants que le visiteur peut prendre et placer sur les parties de son corps, afin d’écouter les différents « paysages sonores » de l’île. Les séquences sonores sont traduites sous forme de vibrations sonores. Une invitation à un voyage poétique, mélangeant fiction et réalité.

"Pierre Muray Schafer dit que les paysages sont une invitation à écouter le monde, car nous avons appris à les remarquer. Je tente de rendre le son comme une entité naturelle, que je perçois à travers divers paysages. Plus ils sont calmes plus « j’entends » mais plus « j’entendais les bruits parasites auxquels les autres ne semblent pas réagir ». Selon Schafer, dans notre société occidentale, les bruits perturbent, jusqu’à même créer un état d’anxiété inconscient chez certaines personnes.
Dans mon silence, c’est une anxiété liée aux vibrations beaucoup trop nuisibles, perturbant ma capacité d’écoute et de communication.
De plus en plus de nuisances sonores se développent au sein de l’île. Les lieux accessibles les plus calmes et sélectionnés deviennent des havres de paix menacés de disparaître avec l’amplification de bruits parasites. Des vibrations sonores douces perçues, semblables aux silences des entendants, deviennent des mondes fictifs, des paysages voués à disparaître. Ma poésie cache une forme de matière rare, fragile et nécessaire à préserver : un silence transformé en un chaos de bruits parasites.

Ce sont des bruits issus d’un espace défini traduits en basses fréquences. L'installation invite les personnes à se procurer un ou plusieurs haut-parleurs et à changer leur perception auditive avec une nouvelle expérience d’écoute. Au lieu que ce soient des prothèses destinées aux personnes sourdes pour entendre, elles sont destinées aux personnes entendantes pour « entendre » comme mes oreilles et mon corps perçoivent le monde. Qu’importe où je vais, des silences appréciés par les entendants sont menacés, mon monde silencieux est menacé par l’amplification de vibrations parasites. Je constitue de nouveaux paysages avec un ou plusieurs sons à placer où on veut sur son corps.
C’est vibrer et utiliser son corps comme caisse sonore, faire corps avec ces paysages préenregistrés, c’est se retrouver dans un autre espace sans se déplacer. »

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